Serait-ce un coup de bambou qui se prépare dans le milieu de la petite reine en France ? Un sénateur de la majorité présidentiel a déposé une proposition de loi pour rendre obligatoire l’immatriculation des vélos à assistance électrique et autres Engins de déplacement personnel (EDP).
Une immatriculation étendue au VAE
Aujourd’hui, l’immatriculation obligatoire des vélos ne concerne que le speedelec ou vélos rapides assistés au pédalage jusqu’à 45 km/h. Une disposition se justifiant par l’intégration de ces vélos rapides au monde des cyclomoteurs. Mais cette disposition pourrait, dans les mois à venir, concerner l’ensemble des VAE. En effet, le sénateur Xavier Lacovelli, de la majorité présidentielle, a déposé le 6 février, une proposition de loi visant à rendre obligatoire l’immatriculation de tous les vélos et trottinettes électriques. Ce n’est pas la première fois que cette mesure est envisagée. En 2018 déjà les cyclistes ont bien cru qu’il leur faudrait présenter une carte grise.
Immatriculer pour responsabiliser
En déposant cette proposition de loi, le sénateur des Hauts-de-Seine souhaite responsabiliser tous les utilisateurs de mobilité douce électrique. Ces derniers sont responsables, selon lui, de trop nombreuses incivilités non réprimandées. « L’immatriculation doit permettre d’identifier plus facilement les contrevenants et responsables d’incivilités manifestes », énonce le sénateur.
Lutter contre l’incivisme
Rien ne dit que cette proposition de loi, en première lecture au Sénat, sera effectivement adoptée. Mais elle met en lumière l’exaspération des pouvoirs publics vis à vis de l’incivisme des utilisateurs d’engins électriques. D’autant plus que ce n’est pas la première proposition dans ce sens. Ainsi, dès le mois de juillet 2022, un groupe d’élus LR déposait une proposition dans ce même sens à destination exclusive des trottinettes.
Immatriculation effective des trottinettes à Paris
Certaines municipalités n’ont d’ailleurs pas attendu la promulgation d’une loi. Ainsi, la ville de Paris a déjà imposé l’immatriculation des trottinettes en libre-service. Cette mesure est obligatoire depuis la fin 2022. Et des expérience de vidéo verbalisation pourraient être menées sur les trottinettes.
Une immatriculation pour quelle efficacité ?
Néanmoins, on peut se demander quelle est l’utilité de telles mesures. Ne vont elles pas inciter les cyclistes du quotidien à renoncer à leur pratique pour reprendre la voiture ou les transports publics. Sur le plan de la la lutte contre la sédentarité (secteur dans lequel la France est très mal placée), ce ne serait pas très positif. De plus il ne s’agit finalement que d’une demi-mesure. En effet, les utilisateurs de vélos musculaires vont parfois bien plus vite que les utilisateurs de VAE. De plus, ils ne commettent pas moins (ou plus) d’incivilités. Cette mesure aurait avant tout un impact sur l’industrie du VAE. Idem concernant les trottinette en libre-service. Quid des trottinettes en propriété propre ?
Appliquer les lois déjà existantes
Finalement, le plus simple pour lutter contre les incivilités en tout genre, qu’elles soient commises à vélo, VAE, trottinette ou voiture (garée sur des pistes cyclables, passant à moins de 50 cm des cyclistes en les doublant ou omettant leur clignotant au moment de tourner…) ce n’est pas de créer encore de nouvelles mesures. Le mieux serait déjà de faire appliquer toutes celles en vigueur, en verbalisant à plus grande échelle, les contrevenants pris sur le fait.