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Dilecta, le retour des Forçats

Profil d'un Dilecta Paname de couleur Bordeaux avec selle en cuir

Dilecta, c’est une marque de vélo que les moins de 55 ans ne peuvent pas connaître ! Une lacune qui pourrait rapidement être comblée. En effet, la marque, disparue en 1968, a été relancée en mars 2021 sous l’impulsion d’Éric Vanhaverbeke. Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir plus sur l’histoire de cette marque à fort ancrage régionale, mais aussi sur son futur.

Dilecta, vous connaissez ? C’est une marque de vélo née au Blanc, près de Tours en 1913. Elle fait les beaux jours de l’industrie et du cyclisme français jusqu’à la fin des années 60 avant de disparaître en 1968. La marque produit au plus fort de son histoire, jusqu’à 40 000 vélos par an. La gamme comprend alors des vélos de course, mais aussi des vélos enfants, des randonneuses (le Gravel des temps modernes), mais aussi des vélos du quotidien et des porteurs. Oui, vous ne rêvez pas ! Dans les années 50, Dilecta propose déjà ce que nous appelons aujourd’hui des vélos cargo. Une marque très moderne en somme !

Dilecta, une marque disparue encore bien présente

Mais à l’aube des années 70, il devient difficile de lutter contre l’essor de la voiture. De plus l’industrie hexagonale commence à délocaliser vers l’Asie. La marque disparaît du paysage cyclable. Elle aurait pu tomber dans l’oubli sans l’attachement de la région à son histoire. Dans l’Indre, on sait tout ce que l’on doit à la marque Dilecta. Elle a fait vivre les familles de la région pendant des années. L’entreprise avait même fait construire un Vélodrome au Blanc. 

La passion pour la marque est telle qu’au Blanc, il existe encore un musée consacré à l’histoire industrielle et sportive de la marque. L’association des Amis du Blanc veille régulièrement à remettre ce passé sur le devant de la scène. Malheureusement, malgré une histoire forte haute en exploits sportifs, reconnaissons-le : au début des années 2020, la marque, disparue depuis plus de 50 ans, ne résonnait plus dans la tête des plus jeunes, fussent-ils passionnés de cyclisme.

Portrait d'Eric Vanhaverbeke, PDG de Dilecta Cycles

Une histoire familiale forte

Mais cette histoire, Eric Vanhaverbeke lui ne l’a pas oublié juste refoulée au fond de sa mémoire. Il faut dire que Dilecta et le cyclisme en général, c’est un peu une histoire de famille. « Mon père a été cycliste professionnel dans les années 60 et il a terminé sa carrière chez Kamomé Dilecta » raconte Éric Vanhaverbeke. Pourtant, ils ont très peu parlé de cette période ensemble. Seul le magnifique vélo jaune que son père à rouler lors de sa dernière saison pro reste fiché dans sa mémoire.

Une bonne connaissance du monde du vélo

Si Dilecta semble rangé dans la case du passé, le monde du vélo reste quant à lui bien présent dans la vie d’Eric Vanhaverbeke. Certains parleront de hasard, d’autres de destin, mais c’est bel et bien dans une entreprise de cycle qu’il entame son premier job en tant que chef de produit. « Nous sommes en 1994 et MBK, filiale du groupe Yamaha, lance le tout premier VAE, l’Ax-Ion équipé du moteur PAS. » Quelques années plus tard, il rejoint Hutchinson puis Look. Pas de doute, l’univers de la bicyclette est bien implanté quelque part dans les gènes ! La preuve : lorsqu’il part dans l’événementiel, c’est pour promouvoir des événements en lien avec le cyclisme et l’athlétisme.

Le temps de la réflexion

Mais l’histoire tourne court. La Covid s’impose et avec elle l’arrêt de tous les événements. « Cette pause imposée me laisse le temps de réfléchir à un projet qui me trotte dans la tête depuis plusieurs années. Relancer une marque emblématique de vélo ! » Retiré à Aix dans la maison de son père, le futur patron de Dilecta tombe, par hasard sur un « book » retraçant la carrière sportive de son papa. « Réalisé par un fan, ce livre retrace les 15 années de carrière pro de mon père avec une large place accordée à la période Dilecta. » C’est le déclic.

Profil du Dilecta Forcat de couleur bleu marine sur fond noir
Le Forçat, vélo Gravel, est le premier modèle de la nouvelle gamme Dilecta, créé en mémoire des Forçats de la route des années 20

2021, la renaissance de Dilecta

Il se plonge dans l’histoire de la marque et découvre, via Internet, l’ancrage territorial très fort de la marque. « Le bâtiment de l’ancienne usine a beau avoir été détruit, la marque semble encore très actuelle dans la commune du Blanc avec un musée et une association qui lui est dédiée. » Il prend alors contact avec le Maire du Blanc et les responsables de l’association pour discuter avec eux d’une éventuelle renaissance de la marque Dilecta. Et en mars 2021, Dilecta reprend vie.

Honneur au savoir-faire local

La présentation officielle de la marque s’effectue au mois de juillet 2021. « Le premier vélo à sortir de l’atelier de Tours est le Forçat un vélo gravel créé en hommage aux forçats de la route qui ont fait les beaux jours du Tour de France dans les années 20. « Le vélo est conçu, développé et fabriqué en France. Nous privilégions le savoir-faire des sociétés artisanales françaises pour proposer des cadres en acier haut de gamme sur mesure. Puis nous sélectionnons les meilleurs composants possibles en priorisant les marques françaises et européennes lorsque cela se justifie » explique Eric Vanhaverbeke.

Passer du haut au moyen de gamme sans renier ses convictions

Cette volonté de produire Français, en limitant au maximum l’impact écologique, est le leitmotiv de l’entreprise. Mais cela a forcément des implications au niveau du prix de vente des vélos Dilecta. « Nous sommes avec ces nouveaux vélos, sur un prix de vente moyen de 5 000 euros. » Bien loin de la marque populaire des débuts et le nouveau patron de la marque en a bien conscience. « Pour nous ouvrir au plus grand monde, nous allons sortir un Forçat et un Paname, notre vélo urbain, avec des cadres en aluminium». 

Baisser les prix en passant à l’alu

Ces derniers seront proposés autour des 3 000 euros. Pour ces modèles, les cadres seront usinés en Italie. À terme, je souhaite être en mesure de proposer un vélo Dilecta à 2000 €. » Certains trouveront cela encore cher, mais pour Éric Vanhaverbeke, c’est le coût à payer lorsqu’on entend produire des vélos ayant une faible emprunte carbone. 

Des vélos sportifs mais pas que…

Après le lancement du premier Forçat, l’entreprise a par la suite ajouté, dans le courant de l’année 2022, un modèle route et un modèle urbain à son catalogue. « Pour nos débuts, nous avons ciblé les cyclistes passionnés, orientation gravel et route » explique notre interlocuteur. Un choix qui a permis à la marque de se développer tranquillement malgré des moyens de production limités. Mais Eric Vanhaverbeke insiste. « On ne va pas faire que du vélo sportif. On va proposer de jolis vélos urbains, du VAE, qui s’inspirent de l’histoire de la marque en version plus citadine, plus féminine avec des cadres ouverts. »

Quels projets pour Dilecta en 2024 ?

A l’heure actuelle, 60% des ventes de vélos Dilecta se réalisent via le site web de l’entreprise. « Pour une petite structure, comme la nôtre, c’est idéal. Cela nous permet de produire à la demande en personnalisant les vélos. C’est ça aussi le haut de gamme. » Et lorsque les vélos sortent de l’atelier, le client le reçoit à domicile, prêt à rouler. Néanmoins, le développement de la marque va passer inexorablement par du « physique ». « Aujourd’hui, nous avons 5 points de vente. A terme, nous aimerions en avoir une vingtaine répartie sur l’ensemble du territoire » précise Mr Vanhaverbeke. « Nous prévoyons également l’ouverture d’un showroom du côté d’Aix » poursuit-il.

Dans le respect de la philosophie Dilecta

Mais ce ne sont pas là les seuls points de développement de la marque. De nouveaux modèles devraient voir le jour tels que des porteurs, des VAE. Mais pour cela il faut de l’argent, raison pour laquelle la société devrait procéder dans les mois à venir, à une levée de fond. Objectif, poursuivre le développement raisonné d’une gamme de vélos de qualité en s’appuyant sur le savoir-faire local, national et éventuellement européen sans jamais renier la Philosophie Dilecta : Le plaisir de faire du vélo et de découvrir notre environnement que ce soit en vélotourisme ou pour des déplacements Urbains.