En janvier dernier, les artisans ayant fait le choix du vélo pour exercer leur métier, se sont rassemblés au sein d’un collectif national à l’occasion d’un congrès fondateur à Angers. On vous dit tout sur ce collectif des Boites à vélo.
C’est à Nantes, en 2013, que le premier collectif des Boites à Vélo a vu le jour, sous l’impulsion de quatre entrepreneurs qui avaient fait le choix du deux-roues pour leurs déplacements au quotidien. Leur objectif ? Pouvoir échanger, entre eux, sur les éventuelles difficultés rencontrées et réfléchir ensemble à la meilleure façon de les surmonter, partager leurs bons plans mais aussi et surtout apparaître, auprès de Nantes Métropole, comme une entité forte, un acteur majeur du changement dans le domaine de la logistique urbaine.
Les boites à vélo de Nantes à la France entière
Rapidement, ce collectif a fait des émules, à Grenoble d’abord puis à Paris. En 2014, les « BAV » de Nantes ont même été élues Talents du Vélo. Aujourd’hui, on recense en France environ 500 entreprises de cyclologistique. Elles œuvrent essentiellement dans la restauration, le transport, les services, l’artisanat, les services à la personne. Des collectifs Boites à Vélo ont éclos dans plusieurs grandes villes de l’Hexagone. On en trouve aujourd’hui à Strasbourg, Bordeaux, Lille et Toulouse.
Une audience nationale mais des spécificités régionales
Devant cette éclosion, il est apparu important de donner une audience nationale à ce collectif. En janvier 2019, 170 personnes (artisans, fabricants de vélos cargo) étaient à Angers pour lancer le collectif Boite à Vélo France. Mais pour Philippe Genty, responsable de la communication du collectif national « il n’est pas question d’absorber les entités régionales. Chacune d’entre elles conserve son droit d’admission et peut mener des actions locales à sa guise. Le but de collectif national est de faire avancer la cause du vélo auprès des artisans. Cela passe par le développement d’une communication globale. Se rassembler permet d’obtenir des tarifs préférentiels auprès des fabricants de vélos et d’accessoires. Cela contribue également à faire entendre sa voix auprès des décideurs politiques. »
Un collectif impliqué dans la mobilité
Si les collectifs régionaux parvenaient à faire entendre leur voix auprès des autorités régionales, il leur était plus difficile d’atteindre les hautes sphères. Aujourd’hui, grâce à la création des Boites à Vélo France, le collectif peut donner plus de poids à ses revendications. Il est même partie prenante sur la loi mobilité. Il participe aux réunions sur le sujet et on l’écoute. « Nous avons obtenu l‘instauration à Paris, de places de parking et de livraison pour les vélos cargo. Les premiers tests devraient avoir lieu prochainement sur le boulevard de Sébastopol. Dernièrement, nous avons été reçus à l’Assemblée nationale pour présenter nos amendements à la loi mobilité à Mathieu Orphelin », ajoutait Philippe Genty.
Adhérents ou sympathisants
Mais les Boites à Vélo, ce sont aussi des structures où les artisans et futurs artisans à vélo peuvent venir chercher des conseils. « Certains artisans en zone rurale ou dans de petites communes se retrouvent isolés. Et lorsqu’on lance une activité d’artisanat à vélo, on a parfois besoin d’être aiguillé pour les statuts, le choix du modèle, explique Philippe Genty. Tous les artisans n’ont pas besoin du même outil de travail. Dans un tel cas, ils peuvent prendre contact avec les Boites à Vélo France. Ensuite, lorsque c’est possible, on les renvoie vers le collectif le plus proche de chez eux. » Il n’est pas obligatoire d’être membre du collectif pour obtenir aide et conseils. « Sur les 500 entreprises à vélo existant en France aujourd’hui, seule la moitié environ a adhéré. Les autres ont un statut de sympathisant. »
Mutualiser pour progresser
Par ailleurs, le collectif national des Boites à Vélo accueille dans ses rangs les fabricants de vélos (essentiellement nationaux, comme douze Cycles, mais aussi le fabricant de remorques Carriole, VUF et d’autres). Ces derniers accordent, bien souvent, des tarifs préférentiels aux adhérents. Ce rassemblement permet aussi de mutualiser l’achat d’espaces sur des salons, par exemple. Ce fut le cas pour Autonomy, en octobre dernier, à la Grande Halle de la Villette, à Paris. C’est très important pour leur permettre de se faire connaître sans débourser des sommes qu’ils n’ont pas forcément au démarrage.
Un collectif conçu autour d’acteurs indépendants
Naturellement, chaque structure garde son indépendance et conserve son droit d’admission. Ce sont les Boites à Vélo qui étudient les demandes et « les critères de sélection sont assez sévères. Il est entre autres nécessaire, pour prétendre rejoindre les collectifs, de proposer de l’emploi durable, déclare Philippe Genty. Aussi, on n’acceptera pas les sociétés de coursiers qui n’emploient que des gens sous le statut d’auto-entrepreneur. En revanche, une entreprise qui embauche des salariés, certains en voiture, d’autres à vélo, peut très bien rejoindre le collectif. » Dès lors que l’artisan a reçu son droit d’admission par le collectif régional, l’adhésion s’effectue au niveau national, ce qui permet de développer une base de données complète.
Une cotisation en fonction du Chiffre d’Affaires
Concernant le montant de l’adhésion, « il est en rapport avec le chiffre d’affaires de l’entreprise », précise Philippe Genty. Avec l’engouement rencontré par ce type d’initiative en milieu urbain, il y a fort à parier que le nombre d’adhérents des Boites à Vélo va croître. C’est pour cette raison que le collectif national a prévu d’organiser un congrès annuel, « indispensable pour fédérer le petit noyau des entrepreneurs à vélo ainsi que les fabricants, qui n’ont qu’un objectif : gagner en efficacité tout en rendant les centres urbains plus agréables à vivre. »