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Quand Amsterdam pédale, Paris marche…

C’est à la Fabrique de la Cité, dans le 12 arrondissement de la capitale, que Laurent Vigneau, directeur innovation Ville et Transport chez Artelia, a tenu une conférence très intéressante intitulée « A pied ou à vélo ? Quand Paris marche, Amsterdam pédale ».

En France, toutes les politiques vélo sont bâties sur le modèle de ce qui se passe chez nos voisins du nord où le taux d’utilisation du vélo dans le cadre des déplacements urbains, en fait rêver plus d’un ! Et c’est vrai que les chiffres donnent le vertige : alors que 3% seulement des déplacements au niveau de Paris et de la métropole s’effectue à vélo, ce chiffre monte jusqu’à 31% à Amsterdam. Est-ce à dire que Paris est à la « ramasse » en termes de mobilités douces ? Rien n’est moins sûr pour Laurent Vigneau. En effet, dans Paris, 53% des déplacements se font à pied contre seulement 28% à Amsterdam. En additionnant le pourcentage des déplacements effectués à pied et à vélo dans les deux villes, on constate, une quasi égalité en matière de mobilité douce entre Paris et Amsterdam. e fait, pour Laurent Vigneau, si Amsterdam est championne du vélo, Paris est championne de la marche à pied. Finalement, la différence entre les deux villes se situe au niveau des transports collectifs bien moins utilisés à Amsterdam (18%) qu’à Paris (34%) ce qui implique, contre toute attente, une utilisation supérieure de la voiture dans la capitale des Pays-Bas (23%) qu’à Paris (10%). Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses !  

Pour Laurent Vigneau, tout cela s’explique par la densité de la ville. Paris est une des villes la plus dense du monde et elle l’est 6 fois plus qu’Amsterdam. Le mode de déplacement choisit dépendra de fait du nombre de choses que l’on peut faire dans un temps donné. Plus la ville est dense, plus il sera facile d’accéder à des emplois, à des commerces en 35 minutes à pied. Inversement, avec une densité de 38 h/ha à Amsterdam, seul le vélo permet d’atteindre autant de service qu’à Paris dans le même temps. Et Laurent Vigneau de conclure « à la ville très dense la marche à pied, à la ville étalée le vélo. »

Partant de ce constat, Laurent Vigneau estime que le développement des infrastructures cyclables ne doit absolument pas s’effectuer au détriment de l’espace urbain du piéton. « Il est important de bien doser les choses en pleine conscience des acquis déjà là, Paris étant, en dépit de ce que l’on pourrait penser, une des villes les plus vertueuses du monde en matière de mobilités propres. » De ce point de vue, les pistes cyclables sur le trottoir apparaissent comme un non-sens ! Idem avec la prolifération des vélos en libre-service sans borne qui posés n’importe où sur les trottoirs finissent par entraver l’espace de marche du piéton. D’où l’importance d’une régulation… En revanche, on a tout intérêt à se poser la problématique de l’usage du vélo et du développement des infrastructures cyclables dans les zones moins denses de la région Ile-de-France. 

Naturellement, tout cela ne signifie pas qu’il faut mettre un frein aux aménagements cyclables dans les grandes villes. Mais il faut veiller à ne pas empiéter sur le domaine du piéton. Cette capacité à mobiliser de l’espace urbain pour les piétons dans un espace pourtant très dense, séduit de grandes villes étrangères à la recherche de solution pour avoir autant de touristes piétons qu’à Paris.