Quand la cohabitation se mue en confrontation
Le mardi 14 octobre, un drame a endeuillé les rues de Paris. Un cycliste, Paul, 27 ans, fauché par un automobiliste, a perdu la vie dans des circonstances tragiques et volontairement violentes.
Au-delà de l’émotion légitime que suscite ce nouveau drame de la route, cet événement nous interroge sur notre modèle de société et sur notre capacité à vivre ensemble. Bien sûr, il n’est pas question ici de dédouaner l’automobiliste de son acte. Il a tué, il doit en supporter les conséquences.
Un coupable à tout prix… à moins que
Mais ce drame soulève bien des questions plus générales. Qui est responsable de tels drames ? Les doigts pointent dans tous les sens. Les cyclistes sont accusés de comportements dangereux, les automobilistes d’un égoïsme exacerbé, les infrastructures cyclables d’être insuffisantes. Et c’est sans faire enrrer dans la boucle le piéton. Vulnérable et pourtant coupable de tant d’inconscience. Chacun y va de son aphorisme, chacun se sent victime.
Une société tournée vers l’individualisme
Mais au fond, n’est-ce pas là le cœur du problème ? Notre incapacité à nous mettre à la place de l’autre, à comprendre que la ville n’est pas un terrain de jeu individuel mais un espace de partage. La ville ne doit pas être un lieu de peur mais de rencontre !
Cyclistes, piétons, automobilistes, nous vivons tous dans des bulles, convaincus de nos droits et peu enclins à faire des concessions. L’autre, celui qui nous ralentit, qui nous gêne, devient un obstacle à notre propre bonheur. Cette individualisation poussée à l’extrême se manifeste dans tous les aspects de notre vie : les disputes de voisinage, les violences scolaires, les incivilités dans les transports en commun. Partout, l’autre est perçu comme une menace, un concurrent, plutôt qu’un semblable.
Améliorer les infrastructures, d’accord…
Certes, la séparation des modes de transport peut sembler une solution. Des pistes cyclables sécurisées, des voies réservées aux bus, des zones piétonnes… autant de mesures qui visent à réduire les conflits. Mais est-ce vraiment là l’objectif ? Ne risque-t-on pas de créer des ghettos urbains, où chacun vit retranché dans sa propre bulle ? Et puis il faut bien l’avouer ! Chaque aménagement coûte cher, très cher. Et cela aboutit bien souvent à l’insatisfaction de tout le monde.
Mais surtout réapprendre à vivre ensemble
Avouons-le, enjeu sociétal qui émane de ce drame est bien plus vaste. Il s’agit de réapprendre à vivre ensemble, à se respecter mutuellement, à faire preuve de solidarité. Cela passe par une éducation à la citoyenneté dès le plus jeune âge, par une refonte de nos politiques urbaines, mais aussi par un changement profond de nos mentalités. Nous devons sortir de cette logique du « chacun pour soi » et retrouver le sens du bien commun.
La mort d’un cycliste est un drame
La mort de ce cycliste est un drame, plus jamais ca ! Mais elle est aussi une opportunité. Une opportunité de nous poser les bonnes questions, de remettre en cause nos habitudes basées sur sa petite personne, de construire une ville plus humaine, plus juste, plus conviviale. Car au fond, nous avons tous le même objectif : vivre heureux ensemble quel que soit notre mode de mobilité.